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vendredi 19 avril 2024
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Les réactions au "kwassa pêcheur de Comoriens" du président Macron

"J'ai laissé mon parti pour rejoindre le FN", clame cette nouvelle militante
Marine Le Pen lors de sa visite à Mayotte en novembre 2016

La répartie provocante du président Macron au CROSS d’Etel, « Le kwassa-kwassa pêche peu, il ramène du Comorien, c’est différent », suivie par des rires, avant un silence gêné, a suscité de nombreuses réactions dans un contexte de campagne électorale. Une sorte d’indignation qui tombe à point nommé.

C’est « le rire » d’Emmanuel Macron que critique Marine Le Pen, qui était venue en avril dernier à Mayotte, « Pas seulement parce que des gens y perdent la vie, mais aussi parce qu’il y a des compatriotes français, les Mahorais, qui vivent une situation infernale, qui vivent un véritable cauchemar, qui sont submergés par l’immigration clandestine ». Et fustige le terme « du Comorien », « quand on parle d’êtres humains, on dit pas du Comorien, on dit des Comoriens. » Un bon moyen pour elle de répliquer à Emmanuel Macron qui avait interpellé les Mahorais sur les annonces de la candidate FN : « Marine Le Pen vous a menti », « qui peut vous promettre qu’il n’y aura pas demain des kwassas-kwassas ? Personne ! »

Les LR aussi ont leur mot à dire sur l’épisode breton : « Ce n’est pas parce qu’on dit que c’était pour rire qu’on n’a rien dit», a déclaré François Baroin, chef de file de LR pour les législatives. « C’était évidemment choquant, encore plus quand on est président», a-t-il jugé, en marge d’un déplacement en Corse.

« Une situation véridique»

Emmanuel Macron lors de sa venue à Mayotte, entre Sa¨d Omar Oili et Sarah Mouhoussoune
Emmanuel Macron avec son comité de soutien à Mayotte

Face à la répercussion de la petite phrase sur les réseaux sociaux, l’Elysée a reconnu « un trait d’humour malheureux qui a pu blesser », mais ajouté qu’Emmanuel Macron avait « toujours eu une position très claire, faite de fermeté et d’humanité, sur le sujet des migrations dans l’Océan indien, qu’il connaît bien car il s’est rendu à la Réunion et à Mayotte avec des prises de position sur ce problème » pendant sa campagne.

A Mayotte aucune réaction officielle, mais des commentaires éloquents sur les réseaux sociaux, avec beaucoup de critiques sur la désinvolture du propos venant d’un président de la République, de plus sans l’intention de dénoncer une situation, mais qui soulignent d’autre part « une situation véridique », « il dit la vérité le kwassa c’est le moyen de transport des comoriens pour se rendre à Mayotte », ou un « Il commence à me plaire ».

Comprendre, que la proposition d’Emmanuel Macron d’un Pacte de Développement pour les Comores, avait été mal perçue ici, les critiques oubliant l’autre volet de ses propositions, « un milliard d’euros pour l’Outre-mer, essentiellement à Mayotte et à la Guyane. » Un propos qui permet une réconciliation donc.

Des excuses demandées du côté comorien 

Interception d'un kwassa par la Police aux Frontières
Interception d’un kwassa par la Police aux Frontières

Du côté de la présidence des Comores, c’est la convocation de l’ambassadeur de France au ministère des Affaires étrangères à Moroni (Grande Comore), qui était observée attentivement dimanche. Mais selon rfi.fr, on évoque l’intention de dépassionner le débat, tout en demandant que soient exprimés des « regrets » face à ce « dérapage de langage ».

Le Président du groupe d’amitié France-Union des Comores de l’Assemblée nationale, invite Emmanuel Macron « à régler les problèmes locaux plutôt qu’à en rire », alors que Nassurdine Haidari, président du Conseil représentatif des Français d’origine comorienne, demande des excuses : « « Nous demandons expressément des excuses publiques du président et qu’il prenne sa responsabilité sur cette tragédie. Ces commentaires sont dignes de la famille Le Pen. Et plus précisément de Jean-Marie Le Pen».

Mais justement, ce n’est pas un Le Pen qui a tenu ces propos, et l’Elysée d’insister : « C’est un mauvais procès qui lui est fait quand on connaît ses positions. »

Médiatisation du kwassa

Comme nous l’avions écrit, samedi, il faut tenter de tirer avantage de cet épisode. Les médias nationaux ont fait leurs recherches, la France entière sait depuis ce week-end ce qu’est un kwassa, et publient les chiffre d’interpellation de 500 embarcations en moyenne par an. On ne sait pas combien passent à travers les mailles du filet.

En 2014, la préfecture de Mayotte avait annoncé 19.991 reconduites à la frontière, 597 interpellations de kwassa avec 12.879 personnes embarquées en provenance d’Anjouan. Soit 20 à 25 personnes en moyenne par embarcation de 10 m au nom tiré d’une danse, là où elles sont conçues pour 4 à 5 personnes. La presse nationale a également ressorti le rapport du Sénat qui évaluait le nombre de noyade entre 7.000 et 10.000 entre 1995 et 2012. Mais aucune autre enquête n’a été effectuée depuis.

On verra comment Emmanuel Macron compte surfer sur la vague qu’a déclenchée son commentaire…

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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