Le député LR Mansour Kamardine a été applaudi ce mardi après-midi à l’Assemblée Nationale lors des questions au gouvernement. Il a interpellé le premier ministre et le ministre des Affaires Etrangères sur la crise qui perdure entre la France et les Comores.
Reprochant à la diplomatie française de mettre en place une Communauté des Comores « avec une liberté de circulation des habitants dans les différentes îles », accentuant la « substitution de population » permise par « une politique migratoire volontairement inefficace depuis 2012 », le député appelait à ne pas « donner Mayotte en viager » : « Mayotte n’est pas un lopin de terre que l’on peut céder pour 1.000 piastres », (en référence à la rente annuelle versée au sultan Andriantsouli en 1841 par la France), « les français de Mayotte ne sont pas des bestiaux qu’on abandonne à une puissance étrangère par faiblesse diplomatique ».
Mansour Kamardine reprochait au ministre des Affaires étrangères des « échanges de salon », notamment sur l’envoi « dans les prochains jours d’un émissaire discuter sur la feuille de route pour une libre circulation entre les îles », et appelait à une action diplomatique ferme, « Mayotte a été cédée à la France sous Louis-Philippe, faites en sorte qu’elle ne soit pas cédée sous Edouard Philippe ! »
La décision « malheureuse » des Comores
On a découvert à travers l’article du Monde, confirmé par des propos du sénateur Thani Mohamed Soilihi, que depuis longtemps le Quai d’Orsay reste frileux quant à une action diplomatique d’envergure avec l’Union des Comores. Ce qui aboutit à l’exclusion de notre territoire de la Commission de l’Océan Indien, et à voir hisser un drapeau qui n’est pas celui de la France lors de nos victoires aux Jeux des Iles de l’océan Indien.
En réponse, les propos du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian entretiennent le flou. S’il ne varie pas sur la nationalité, « nous ne transigerons jamais sur le sujet de la souveraineté de la France sur le département de Mayotte », il restait plus souple sur les discussions avec les Comores « avec lesquelles nous avons des relations anciennes ». Il considère comme « malheureuse » leur décision de ne plus accepter les reconduites, et fait nouveau, « même ceux qui veulent rentrer », apprenait-on.
La rétention arrive à échéance
Une situation qui ne va donc pas en s’améliorant puisque les retours volontaires étaient acceptés la semaine dernière. « Il faut prendre en compte les intérêts franco-comorien », réitérait le ministre, qui reprochait au député Mahorais des « propos de tribune », et rajoutait, « je dois bientôt rencontrer mon homologue des Comores monsieur Souef ».
On n’en est donc pas encore au renvoi de l’ambassadeur comorien de Paris sur le mode américano-russe. Il faut espérer que la souplesse ministérielle n’a pas d’autre but que de laisser la place à des tractations diplomatiques que l’on espère efficaces, car la situation urge, comme doit lui faire remonter le nouveau préfet-délégué du département. La prolongation par le procureur de la rétention d’une centaine d’étrangers arrive bientôt à échéance.
Sans doute faudrait-il aussi tenter une cartouche qui n’a pas été dégainée, envoyer une délégation de Mahorais en discussion à Moroni, menée par le président du conseil départemental, « le dialogue passe souvent mieux quand ce sont des Mahorais qui font la démarche », nous indique un fin connaisseur du dossier en local.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com