26.8 C
Mamoudzou
vendredi 19 avril 2024
AccueilFaits diversComment écarter un «fou dangereux»: la justice doit répondre

Comment écarter un «fou dangereux»: la justice doit répondre

CARNET DE JUSTICE DU JDM. Le tribunal correctionnel de Mamoudzou avait à juger une affaire vieille de 15 ans particulièrement délicate. Elle pose la question de la place de personnes malades psychiatriquement et considérées comme dangereuses pour la société dans notre département où aucune structure psychiatrique ne peut durablement les prendre en charge et les isoler.

Salle TGI Code pénalLes faits portent sur une agression sexuelle qui s’est déroulée en 2000. L’homme a 50 ans, il invite une petite fille de 8 ans chez lui, se déshabille et demande à la fillette de faire de même. Il procède alors à des attouchements sexuels. A la barre, il reconnaît les faits même s’il propose des récits très différents à chaque réponse.

A cette époque, la fillette raconte la scène à ses parents mais ils ne veulent pas aller en justice. Les mentalités permettent encore moins qu’aujourd’hui de porter l’affaire sur la place publique. La fillette devient adolescente puis une jeune adulte mais le mal-être profond lié aux événements ne s’estompe pas. Les experts retracent d’ailleurs «sa grande souffrance», parlent de ses cauchemars et de ses pensées suicidaires.

Elle porte plainte à sa majorité

A 18 ans, tout juste majeure, les faits ne sont pas encore prescrits. Elle décide de porter plainte et parvient encore précisément à décrire le fil des événements. La procédure judiciaire est enclenchée contre un homme qui, entre-temps, a commis d’autres faits similaires. Il a été condamné en 2005 par la Cour criminelle de Mayotte à 7 ans de prison pour un viol commis sur une mineure de moins de 15 ans.

Salle d'audience entréeLe tableau psychiatrique que dressent les experts de cet homme fait froid dans le dos : «névrose hystérique», «schizophrène», «tendance à la fabulation», «peu de capacités d’anticipations des conséquences de ses actes». Finalement, «il est dangereux et pourrait recommencer à avoir des contacts sexuels avec des jeunes filles d’un très jeune âge».

Depuis sa sortie de prison, l’homme est sous contrôle judiciaire et il est placé dans le centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de Tsararano. Si la nécessité de l’écarter semble bien comprise, la structure n’est pas le bon endroit pour une forme «d’internement». A la barre, les responsables du CHRS expliquent qu’ils ne savent pas s’occuper de ce genre de cas et que l’homme mobilise un agent en permanence pour éviter qu’il s’enfuie. Mais même dans ces conditions, il est à nouveau parvenu à faire des avances, au mois de septembre dernier, à une petite fille de 9 ans.

Dangereux «encore longtemps»

Que faire aujourd’hui de cet homme? La procureure Guégan comme Me Andjilani, l’avocat de l’homme, vont réfléchir, chacun à leur façon, à «la moins mauvaise des solutions». La procureure requiert une peine de prison de 3 ans puis un suivi médico-judiciaire de 10 ans, le maximum que permet la loi, et une interdiction d’entrer en contact avec des mineurs.

Salle d'audience A la barreMais ensuite? Où sera-t-il lorsqu’il sortira? «Il a 60 ans aujourd’hui. Il va être dangereux encore longtemps», relève la procureure.
Un placement chez sa sœur qui se dit prête à l’accueillir et à s’assurer qu’il prenne ses traitements? Installée dans le village de Koungou, elle ne pourrait pas garantir à 100% une récidive.

Besoin criant de structures psychiatriques

«On vient de mettre en place un observatoire de l’immigration. Il faudrait mettre en place un observatoire de nos ‘fous’», affirme Me Andjilani. Et l’avocat de lister des affaires de violence ou d’agression sexuelle, dans lesquelles la place des condamnés n’est pas en prison mais dans une structure psychiatrique fermée, qui fait défaut dans notre département.

Le tribunal se donne le temps de la réflexion. Le président Sabatier a mis sa décision en délibéré au 9 février prochain, le temps de trouver «la solution la plus adaptée».

La mise en place de structures médicales psychiatriques dignes de ce nom dans notre département semble, plus que jamais, relever d’une véritable nécessité.

RR
www.jdm2021.alter6.com

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

l'actualité

+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours

Sport : Bientôt la 4ème édition du « Trail du Caméléon »

0
Le Club d’Athlétisme de Mamoudzou (CAM) et la mairie de Mamoudzou lancent la 4ème édition du « Trail du Caméléon » le dimanche 26 mai à la MJC de Kawéni. L’objectif de cette édition est de créer un événement rassembleur de toutes les générations.
Mayotte, rectorat,

Face aux directeurs d’école, Jacques Mikulovic ambitionne de « relever le défi du choc...

0
Les chefs d’établissements du premier degré avaient rendez-vous mercredi après-midi avec le recteur et son équipe afin de faire « un bilan d’étape » mais aussi préparer en amont la prochaine rentrée scolaire de septembre. Plusieurs thèmes étaient à l’ordre du jour comme les moyens mis en œuvre pour le 1er degré, la carte scolaire, l’évaluation des élèves mais aussi l’organisation de la nouvelle 6e.
DRFIP, impôt, Mayotte, EFS, France services

Impôts : pour déclarer, souriez, vous êtes accompagnés !

0
Si quelques petites nouveautés sont à noter pour cette campagne d’imposition sur les revenus mouture 2024, c’est surtout du côté du recouvrement de l’impôt que ça bouge à Mayotte. Avec un accent mis sur « l’aller vers » dans les 15 Maisons France service, et la lutte contre la fraude
eSIM, Orange, smartphone, Mayotte, La Réunion

L’eSIM, la carte SIM virtuelle de téléphone, disponible à Mayotte

0
Notre département franchit un peu plus le pas vers le virtuel avec l'arrivée de l’eSIM annonce l’opérateur Orange qui met cette évolution en place également à La Réunion
Place nette, Guévenoux, Mayotte

Premier épisode de l’opération « Mayotte place nette » à Doujani 2

0
Alors que le début de l’opération « Mayotte place nette » n’avait même pas encore été annoncé officiellement, son premier épisode consistant à détruire 220 habitations illégales dans le quartier informel de Doujani 2 a commencé ce mardi matin

Recent Comments